En 1430, la fille du roi de Portugal épouse, à l’âge de 32 ans, le puissant duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Jusqu’à sa mort en 1471, elle exerça le pouvoir dans des domaines très divers, et occupe à ce titre une place singulière dans l’histoire des princesses du xve siècle. L’auteur révèle son rôle, laissé dans l’ombre par les chroniqueurs, en ayant recours à des sources d’archives étendues, principalement des lettres et des documents financiers. Ainsi apparaît une femme qui, sans rien négliger de ses devoirs d’épouse et de mère, sut gouverner en l’absence de son mari, diriger les finances, négocier des traités et soutenir la réforme des ordres religieux. Isabelle de Portugal eut un grand ascendant sur son mari et son fils, ainsi que sur les jeunes parents, bourguignons et portugais, entretenus à la cour. Ses remarquables aptitudes financières ressortent de l’étude de la composition et de la gestion de ses revenus, notamment les ressources de ses domaines situés aux Pays-Bas et en Bourgogne. L’ouvrage comprend une étude détaillée de l’hôtel, domesticité composite, réseau de protégés et de familiers qui vivent dans la dépendance de la duchesse et partagent sa vie itinérante. L’hôtel fut dissous en 1456, peu avant qu’Isabelle ne se retire au château de la Motte-au-Bois dans la forêt de Nieppe. Avant cette date, animée d’une conscience aiguë du prestige de la principauté bourguignonne, la duchesse fut associée au gouvernement par son mari. Par délégation de pouvoir, elle en assura plusieurs fois l’entière responsabilité et mena d’importantes négociations diplomatiques avec l’Angleterre et la France. En 1457, elle quitte la cour sans être veuve, démarche dont l’originalité est soulignée, et mobilise alors son énergie et son pouvoir en faveur de l’action charitable et des courants religieux nouveaux du xve siècle, tout en conservant une grande influence sur son fils Charles le Téméraire.